+57 304 453 1945
L’esclavage moderne et le racisme

C’est au cours de la période de la Renaissance et de la Réforme, entre le 15e et le 17e siècle que les Européens ont commencé la traite des noirs vers l’Europe, l’Asie et surtout les Amériques. La justification officielle de l’asservissement des africains était qu’ils étaient des païens, non reconnus par la religion catholique. A cette époque, les marchands d’esclaves et les propriétaires d’esclaves interprétaient un passage du livre de la Genèse chapitre 9 versets 20 à 27 comme base de leur théorie. Cham qui était noir, soutenaient-ils, avait commis un péché contre son père Noé qui condamnait ses descendants à être des esclaves. 

A partir de la fin du XVIIe siècle, la servitude des personnes de couleur noire a changé du statut religieux à quelque chose se rapportant à la race. A la même période des lois ont été adoptées aux États-Unis interdisant le mariage entre Blancs et Noirs. De telles lois impliquaient que les Noirs étaient étrangers et inférieurs, donc, il fallait les traiter comme tels. Cette nouvelle idéologie de race et de personne inferieure, a poussé la haine de l’autre à son paroxysme au point que Adolf Hitler a tenté l’extermination de tout un groupe ethnique sur la base de cette idéologie raciste.

L’abolition de l’esclavage fut adoptée par le Congrès américain le 31 janvier 1865. Cette victoire a été provoquée par les humanistes et les abolitionnistes. Mais surtout grâce à la révolution haïtienne qui a proclamé l’égalité de la race humaine depuis le 1er Janvier 1804. Haïti alors, était une nation modèle préconisant un peu partout, le respect de la dignité humaine. C’est pour cela que Victor Hugo, le 1er mars 1860, Après la mort de John Brown l’abolitionnisme américain, écrivit à Heurtelou, alors rédacteur en chef du journal Le Progrès à Port-au-Prince :

“Poursuivez votre œuvre, mon frère, vous et vos dignes concitoyens. Haïti est maintenant une lumière ! J’aime votre pays, votre race, votre République. Votre île magnifique et douce plaît à cette heure aux âmes libres. Elle vient de donner un grand exemple. Elle a brisé le despotisme; elle nous aidera à briser l’esclavage”. Si ces paroles apportent joie et fierté dans le cœur des jeunes d’alors, pour certains grands pays de l’époque, c’était le désenchantement et l’embarras.

Aux États-Unis, l’abolition de l’esclavage en 1865 a fait place à la ségrégation raciale qui se prolongea jusqu’en 1964. C’est au cours de ce centenaire de ségrégation raciale, ou les noirs des États-Unis étaient traités comme des êtres inferieurs aux blancs, qu’eut lieu l’invasion américaine en Haïti de 1915 à 1934. On comprend pourquoi il y eut tant de massacres au cours de cette période. Avec l’adoption de la loi sur les droits civils, The Civil Rights Act of 1964, les Américains noirs croyaient que l’aube d’un jour nouveau était enfin arrivée. Et pourtant, le Dr. Martin Luther King Junior, leader du mouvement contre la ségrégation raciale, fut assassiné 4 ans plus tard à Memphis, Tennessee, en 1968.

Un texte de loi, quelle que soit la bonne volonté qui concourait à sa publication, ne peut facilement effacer une mentalité de supériorité aussi enracinée dans la culture blanche. Avec le temps les législateurs ont fait leurs œuvres; les lois sont votées, mais les hommes n’ont pas changé. Le racisme continue de faire beaucoup de victimes un peu partout sur le territoire américain. Shannon Sullivan de Pennsylvania State University, a publié un article en 2013, dans lequel elle explique comment le racisme blanc peut avoir des effets durables sur la constitution biologique des individus. Cette idéologie qui influence la personnalité, ne se limite pas à une personne spécifique, mais s’étendent plutôt à toute sa progéniture, précise-t-elle.

Il convient donc d’affirmer que le racisme est transgénérationnel. Et puisqu’il est alimenté par la haine, il est terriblement malfaisant. En effet, lapsychanalyse définit la haine comme une forme d’hostilité active et continue qui utilise souvent une énergie émotionnelle importante. Lorsqu’une personne ressent de la haine pour une autre personne, elle passe souvent une grande partie de son temps à se focaliser sur sa colère, son mépris ou son aversion pour l’autre. Cette émotion renferme à la fois, des sentiments intenses de détestation, de colère et souvent un désir de faire du mal. En ce sens, le racisme provoque, dans un état conscient ou inconscient, des émotions substantiellement proactives.

Il est quasiment impossible de lutter contre un phénomène alimenté au sein de la cellule familiale, et du milieu social, qui se transmet d’une génération à l’autre. En réalité tous les blancs n’ont pas reçu une éducation raciste. La plupart sont étrangers à cette déformation mentale. D’autres sont des philanthropes, ou des humanistes qui œuvrent pour le respect des droits et pour la justice sociale. Mais ceux qui arrivent chez vous, qui s’installent, qui vous dépouillent de vos biens, et qui vous rendent la vie impossible. Ceux-là sont des ennemies qu’il faut combattre. C’est une grossière erreur de croire que ceux qui vous maltraitent aujourd’hui auront un jour pitié de vous et vous rendront votre liberté.   

la Bible elle-même reconnait : L’homme bon tire de bonnes choses du bon trésor de son cœur; et le méchant tire de mauvaises choses de son mauvais trésor. Car c’est de l’abondance du cœur que la bouche parle.

Vous devez être honnête avec vous-même et accepter le fait que certaines personnes ne changeront jamais. Ceci est important, parce que le déni et les autres formes d’évasion ne seront d’aucune utilité. Si vous me demandez pourquoi, je vous dirai que leur subconscient est tellement rassasié de ces scories malfaisantes, que leur intelligence émotionnelle est devenue très faible. Ils manquent d’empathie, se concentrent principalement sur eux-mêmes et ont du mal à comprendre comment leur comportement affecte les autres. Le progrès est impossible pour eux; car ceux qui ne peuvent pas changer d’avis ne peuvent rien changer.

Les paroles de Victor Hugo à propos d’Haïti résonnent à travers le temps, nous rappelant que même si des progrès significatifs ont été réalisés, le chemin vers une véritable égalité et le démantèlement du racisme est encore long. C’est un chemin qui exige des efforts continus et un dévouement sans faille dans la lutte pour le respect de la dignité humaine.

Alliance Magazine, Dr. Jerry.