La Symphonie de l’Amour
Les meurtrissures et les déceptions qui t’ont amené jusqu’à ces pages n’ont été que pour parfaire la route de ce qui te délivre et pour rescaper tes espoirs souffrants. C’est l’amour qui t’a pris, dès le commencement de tes douleurs par les cornes de tout ce qui te détruit, pour te faire redécouvrir le bon en toi. Tu es comme nous. Tu es nous. Bienvenue donc à l’Ultime Symphonie de l’Amour.
Enfin, une Symphonie pas contre nous, pas par nous mais pour nous. « Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous». Au fil des blessures de nos rêves, toi et moi avons oublié le but du voyage et du sommeil réparateur. Au lieu de chercher Canaan, on a douté l’amour et on s’est déconstruit les pas dans le sable de notre ignorance.
L’ancienne génération en nous a payé le prix du silence et de l’indifférence du cœur, aujourd’hui on va recommencer à vivre. Pendant tout notre égarement dans le désert de nos faiblesses, le plan de Dieu n’a pas changé. Le ciel veut toujours nous utiliser comme récipient pour faire jaillir sa bonté. Peut-être aujourd’hui encore, à force de larmes et à bout de défaites, l’amour ne nous intéresse plus. Néanmoins, l’amour s’intéresse toujours à nous. Le moment est donc venu pour rendre à la mort ce qui est de la chair et à l’amour ce qui est du cœur.
Victor Hugo, devant l’insolence imposante de 1804, n’avait pas tort de dire qu’Haïti est une lumière. Mais on a passé plus de deux siècles à fuir la lumière et à s’écarter du soleil. Aujourd’hui, on n’est qu’une ombre au seuil de l’histoire. On a fait flèche vaine de tout bois; on a tout essayé pour faire briller notre étoile, sauf l’amour. Puisque notre Dieu règne encore et que sa bonté n’expire jamais, c’est l’amour qui vient aujourd’hui nous essayer, une fois de plus; une fois de trop.
Si les larmes de nos hiers ont affaibli l’aurore de nos matins ensommeillés, l’amour vient réinventer le midi de nos jours ensevelis, même à travers nos sombres nuits. Et si on s’accroche à cette promesse ancienne nouvellement répétée, on vivra notre deutéronome, nos actes des apôtres et la conquête de tout ce qui nous a été réservé depuis avant notre première démarche décevante jusqu’au dernier désespoir. On s’est affranchi par le porc et le canon, mais seul l’amour que nous apportent la Bible et son Agneau peut maintenir et faire fructifier la liberté. Saint-Augustin a raison; quand on aime, on fait tout ce qu’on veut, car aimer c’est se dépasser; et où il y a l’amour, il y a Dieu.
Il nous faut donc inventer cet amour guérisseur qui garantit la présence divine autour de nous et en nous pour que cette merveilleuse symphonie nous affranchit de nos malheurs et nous apporte joie et bonheur. Si on commence par s’aimer, on finira aussi par s’aimer. L’amour devient ce qui le touche; et c’est là notre seul effort si vraiment nous voulons voir la lumière en manifestation. Avec un élan du cœur vers nous-mêmes, sans adopter l’égoïsme, et avec des pas réconciliateurs vers l’autre au delà de l’altruisme flatteur, nous réussirons à sortir de notre situation fétide avec l’odeur des roses.
Sans embrasser l’impunité ou l’injustice, on regardera celui qui a tort avec un air de compassion car la violence entraîne la violence. C’est le dernier refuge de l’incompétence engendrée par la haine qui n’est rien d’autre que la colère des faibles, pour répéter Alphonse Daudet. C’est notre mauvais passé; si on ne l’oublie pas, on est condamné à le revivre. Le pardon est toujours possible, car quand l’amour est grand, les fautes sont petites.
Avec l’amour, on va vraiment repartir à zéro. On a trop de plaies à soigner pour s’entre-déchirer davantage. On a trop de rires à rescaper pour se consoler encore de pleurs. On a trop de lendemains à reforger, pour continuer nos passés regrettables. Avec l’amour on sait qu’on doit déposer les pierres au lieu de se les jeter, car on est tous coupables et responsables tant par nos excès de mots que par nos silences des lèvres, tant par nos excès de bras que par nos paresses des muscles. En effet, au lieu de maudire l’obscurité mieux vaut allumer une chandelle. On accuse de noirceur alors qu’on patauge dans les ténèbres. Rien ne change si rien ne change.
Nous devons mettre un terme au cycle de la mort en acceptant la plus récente blessure individuelle comme une dernière déchirure collective. Il faut que le mal cesse de nous utiliser comme son gibier de potence quand il perpétue son règne de destruction des âmes et des avenirs. Lorsque le méchant témoigne de la manifestation de l’amour chez sa victime, la bonne nouvelle, l’évangile, devient réalisable et réalisé tant par celui qui frappe que par celui qui saigne. Pour reprendre Anaxagore, ce qui est visible ouvre les regards sur l’invisible.
Et le message divin, prendra sa place autour de nous et en nous. On comprendra la croix et son sacrifice. On cherchera Golgotha et l’Homme perché. On saura la valeur de chaque goutte de sang du Sauveur des âmes pour l’humanité. On vivra le commandement d’amour de l’Agneau pascal pour la défaite du tombeau. Le croyant fera de l’athée un frère, qui réalisera son besoin de l’Homme du Calvaire, car l’amour engendre l’amour.
Alors on parlera de ce que Dieu dit et on fera les mouvements de ses bras. Ce sera l’Ultime Symphonie de l’Amour où toi et moi accomplirons, l’un en face de l’autre, le miracle du miroir sans le verre et où chaque moment nous offrira son goût d’éternité. Oui, avec l’amour orchestré dans un ensemble harmonieux pour un pays nouveau et des citoyens renouvelés, on deviendra éternel à chaque instant. C’est bien le besoin du ciel qui vous a conduits jusqu’à ces pages. Bon voyage!
Dr. Dayard Jerome (Tibob)